25 avril 2024

Courrier à Damien Meslot : affaires graves touchant l’ASMB

Monsieur le maire,
Vous avez toujours accordé une attention particulière aux intérêts de la section football de l’ASMB, en lui apportant un soutien sans réserve et en promouvant son action et ses résultats comme tout à fait exemplaires de votre politique sportive. En témoigne le haut niveau des financements que la ville lui a apportés, soit 180 000€ chacune de ces dernières années (hors enveloppes supplémentaires votées en cours d’année).

A l’occasion d’un débat récent sur l’évolution de votre relation avec un autre club de football de la ville, l’ASBS, vous avez, vous et votre adjoint aux sports, beaucoup insisté sur l’importance décisive que vous accordiez aux comportements extra sportifs, au regard en particulier de la violence, et sur votre détermination à obtenir des dirigeants sportifs des clubs que la ville finance des comportements exemplaires sur ces questions. Or deux faits divers viennent ces derniers mois témoigner des dérives graves que connaît l’ASMB : une bagarre générale dans le club house, conduisant à au moins une blessure très grave, et une affaire de harcèlements sexuels dans une des équipes féminines.

Elles nous conduisent à vous demander de rendre compte au conseil municipal des actions que vous même et votre adjoint aux sports avez menées ces derniers mois pour suivre ce qui s’y passait et exiger des dirigeants du club qu’ils prennent les mesures nécessaires pour éviter le renouvellement de tels incidents. Nous vous demandons d’inscrire cette question à l’ordre du jour du prochain conseil municipal conformément à l’article L 2121-13 du CGCT qui énonce le principe général selon lequel « tout membre du conseil municipal a le droit, dans le cadre de ses fonctions, d’être informé des affaires de la commune ».
Des deux affaires, celle du harcèlement sexuel nous interpelle tout particulièrement : au contraire de la bagarre qui peut être un événement isolé difficile à prévoir, le harcèlement s’inscrit, lui, forcément dans la durée, et révèle par cette durée l’incapacité des dirigeants du club à prendre à temps les mesures nécessaires connues maintenant de l’ensemble du monde sportif pour mettre très rapidement un terme à ce type de violence. Dans le contexte du mouvement #Metoo, plus d’un an après les révélations de la patineuse Sarah Abitbol, les cas de violences sexuelles parfois très anciens sont signalés chaque mois, et début 2021, près de 400 situations étaient remontées à la cellule spécialisée mise en place par le ministère des sports. Cependant la question posée n’est pas seulement celle de la violence faite aux femmes dans le sport, mais de façon plus générale dans notre société. On sait que 53 % des femmes ont déjà été victimes de harcèlement ou de violences sexuelles, qu’il y a chaque année 210 000 femmes victimes de violence, sans même parler de celles qui sont tuées. Ces chiffres montrent la gravité de la situation où se trouvent encore de nombreuses femmes, que vous refusez de prendre en compte comme vous l’avez démontré lors de deux débats récents au conseil municipal et au conseil d’agglomération. On ne peut plus rester les bras croisés sur ces questions.
Vous comprendrez dans ces conditions que nous attachions une importance particulière à obtenir lors du prochain conseil des réponses précises aux questions suivantes :
1) Quand votre adjoint et vous-même avez été informés par les dirigeants du club de ces graves dérapages ?

2) Quand en ont-ils pris eux même connaissance ?

3) Comment les dirigeants du club expliquent-ils ne pas avoir pris conscience plus tôt de ces problèmes alors que de nombreux départs de jeunes filles vers d’autres clubs du département auraient du attirer leur attention (et que l’on s’aperçoit à l’heure où l’affaire sort dans les journaux que beaucoup de monde était au courant) ?

4) Les dirigeants du club qui ont accueilli l’entraîneur mis en cause ont-ils été prévenus par le club des raisons du départ de cet entraîneur ? (Rappelons qu’il entraîne une équipe féminine là-bas !)

5) Avez-vous informé les élus de la commune de ces raisons ?

6) Quelles mesures d’assistance aux victimes ont-elles été prises ? Quelles ont été vos demandes au club sur cette question ?

7) Quelles mesures ont été prises par le club pour éviter le renouvellement de ce type d’agressions ? Qu’avez-vous exigé du club à cet égard ?

8) Comment justifiez-vous la différence de traitement entre l’ASMB et l’ASBS sur ces questions de violences ?
Vous remerciant par avance des réponses que vous voudrez bien apporter à ce courrier,

Pour En commun pour Belfort
Mathilde Regnaud