Monsieur le Maire,
Nous voterons contre ce rapport.
Dans notre contribution à l’enquête publique, nous avons insisté sur la nécessité d’un diagnostic beaucoup plus juste de la situation de notre ville. L’inéluctable baisse des habitants, la chute de la construction neuve, l’explosion de la vacance et de la vétusté des logements, la perte du nombre d’emplois sont les principaux points que nous avons soulevés. Nous partageons avec vous l’objectif de faire revenir notre ville à une population de 50 000 habitants : mais, devant une telle situation, continuer comme nous le propose ce projet de PLU avec les politiques mises en œuvre depuis 2014 nous semble forcément voué à l’échec.
Un certain nombre de réponses ont été apportées suite à l’enquête publique, mais elles ne sont pas satisfaisantes. Nous relevons des points positifs, mais le PLU final manque d’ambition. Comment imaginer qu’une modification en profondeur du diagnostic (je rappelle que les impacts d’Optymo 2 n’étaient pas pris en compte et que la plupart des données ont plus de 10 ans) ne change rien aux solutions et aux méthodes proposées ? Comment se limiter au cadre de la ville sans s’intéresser à des sujets qui relèvent certes de l’agglomération, d’organismes tels que le SMTC – alors que la ville, dans ces deux cas, est la force qui impulse, elle est le moteur des politiques mises en œuvre, et elle doit prendre toute sa place pour entraîner ses partenaires avec elle.
Comment donc mettre en œuvre des politiques qui permettront de revenir à ces 50 000 habitants, alors que tous les indicateurs sont au rouge ?
En combinant, comme nous l’avons déjà développé au moment de l’examen des orientations budgétaires, des politiques ambitieuses qui peuvent s’inscrire dans les volets du plan de relance pour donner lieu à financements. En faisant de notre ville un territoire inclusif, un territoire qui répond à la fois aux enjeux de la transition écologique et qui est conçu par et pour tou·te·s, dans un processus d’amélioration continue, afin de créer des cadres de vie de qualité, favorisant le lien social et permettant à chacun·e d’y trouver sa place, de répondre à ses besoins et d’augmenter son autonomie – et je vous renvoie à l’Ademe, qui a publié sur ce sujet d’excellents documents sur les leviers de l’urbanisme, de l’aménagement et des politiques urbaines.
Les solutions existent, à notre portée. Pour faire venir de nouveaux habitants, mais aussi – et surtout – garder ceux qui sont déjà là !
Et nous considérons donc que nous pourrons faire revenir et rester les habitant.e.s à Belfort si le parc de logements reste correct, et propose des produits locatifs et en accession à la propriété pour toutes les classes sociales. Il ne s’agit donc pas que de faire du neuf, mais bien aussi de rénover. De nous occuper des nouveaux habitants, mais également et surtout des habitant.e.s actuel.le.s. Nous réclamons une politique ambitieuse de rénovation énergétique des bâtiments, dans laquelle la ville a un rôle très important à jouer puisqu’il s’agit en grande partie d’informer et d’accompagner les gens.
Nous considérons que nous pourrons faire revenir les habitant.e.s à Belfort si la ville est agréable à vivre : aérée, prête à surmonter les phénomènes climatiques extrêmes, pratique à vivre, grâce notamment à une action importante sur le stationnement ainsi que les solutions d’auto-partage et de mobilités douces, le tout pensé en lien avec la végétalisation, l’usage des espaces et en concertation avec les habitants.
Nous considérons que nous pourrons faire revenir les habitant.e.s à Belfort si l’on créé de l’emploi utile et respectueux des gens et de l’environnement. Ce sera le cas dans le secteur de bâtiment si l’on mène une politique ambitieuse de rénovation, dans le domaine de l’agriculture si l’on développe le maraîchage. Je cite le plan de relance : le Gouvernement a décidé de renforcer son soutien aux projets d’agriculture urbaine dans les quartiers en renouvellement urbain, et aux projets qui permettront de donner accès à un plus grand nombre, et en priorité aux plus démunis, à un jardin partagé ou collectif. » Belfort peut se saisir de cette opportunité en postulant sur ces dispositifs (« jardins partagés » et « quartiers fertiles ») grâce à l’appel à projets « Quartiers fertiles » piloté par l’ANRU et les appels à projets pilotés par le département pour les Jardins partagés.
Alors oui, ce sont des axes qui étaient dans notre programme et vous nous rappellerez que les gens n’ont pas voté pour nous. Force est cependant de constater qu’à l’heure actuelle, ils sont ceux qui sont non seulement éligibles au plan de relance, mais qui sont prônés et désormais mis en oeuvre un peu partout. Ils sont des solutions que nous pourrions décider de mettre en œuvre sans plus tarder pour redonner l’impulsion nécessaire à notre ville.